jeudi 11 juin 2009

Transcendance simplifiée


Vendredi 5 juin 2009 * Centro Gallego

L'
Electric Kesdjan Ensemble est une drôle de bête. Pas vraiment hip hop, mais quand même; un peu jazz, un peu électronique, un peu rock aussi. Définitivement psychédélique, ou « libre » ou « expérimentale », si c'est le mot qui vous sied pour parler de cet esprit là. On aime, même dans les moments un peu confus, parce que Khyro est du genre à croire que la culture vaut quelque chose et que la musique possède cette qualité spirituelle que lui attribuaient les grands du free-jazz dans les années 60 et 70. Et parce que, d'une performance à l'autre, l'idée progresse et évolue vers de nouveaux horizons. Son ensemble va dans toutes les directions, erre pour mieux se retrouver par la suite. Les mots n'y dominent pas, comme on pourrait le penser. Ils transpercent la toile parfois, retournent ensuite derrière le mur pour mieux réapparaître par la suite.

Avec ses boucles de trompettes et de violons,
Elaine Evans transportait ailleurs. Sa performance solo s'explorait comme on déambule à tâtons dans une maison hantée - des souvenirs d'il y a à peine quelques minutes se mêlaient les uns aux autres, des sonorités que l'on était libre d'interpréter à notre guise, de lier aux réalités subjectives qu'elles évoquaient se confondaient dans un gentil chaos. Une prestation gentiment dérangeante, doucement sidérante.

Mais moi, j'étais dans cette drôle de petite pièce qu'est le Centro Gallego pour voir l'inimitable
Paul Metzger. L'homme dirige un orchestre symphonique au grand complet sur un simple banjo (pas si simple au fond, avec ses nombreuses cordes en trop...). Avec sa présence scénique apaisante et ses airs de vieux sage, le bonhomme rappelle un peu un autre maître aperçu à Montréal il y a de cela près de deux ans: Daniel Higgs. Metzger joue sans interruptions, un torrent de sonorités qui ne semblent pas appartenir à son humble instrument. La tension monte et descend; les sonorités indiennes croisent des inflexions mélodiques rappelant les compositions « modernes » de Schoenberg ou Varèse... Il y a, dans cette musique, le drame et la beauté de l'univers qui se contemplent; un échange qui aboutit à une musique sans genre, dont les origines ne semblent pas terrestres. Par son jeu incroyablement physique, Metzger rattache pourtant cette expérience à une réalité parfaitement tangible. Ceci arrive maintenant, ici. Et ça sort du petit monsieur avec son tambour à cordes.

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