Dimanche 14 juin 2009 * Divan orange
Dimanche, le Divan Orange était pratiquement vide. Exception faite des pillards de « merch table » chevronnés, d'une ou deux âmes égarées et du personnel de l'établissement, les musiciens sont seuls dans la salle mais jouent malgré tout avec une dévotion admirable; par respect, par désespoir, par passion, par habitude? Shawn McMillen lance le bal, à mi-chemin entre le noise et le blues, avec sa drôle de voix perchée bizarrement dans les aiguës. Je ne suis pas abasourdi, mais j'apprécie. Il faut admirer les gens qui ont le courage d'afficher leur fragilité ainsi. Puis c'est au tour de Steve Gunn de s'approprier la scène. Avec la formation GHQ, il donne dans les vibrations électriques à saveur cosmique: un noise transcendantal plutôt halluciné, assez pastoral, aux accents vaguement chamaniques. Du bon stock, si c'est votre tasse de thé. Ce soir, il est lui aussi en mode folk - tirant néanmoins de sa guitare acoustique des sonorités électriques et des dissonances qui sont loin des clichés de pâturages verdoyants. Insérez une mention de John Fahey. La prestation est franche, ponctuée de surprises; son jeu de guitare trouve une personnalité unique dans ses débordements et ses subtils faux-pas. Parlez-moi de ça, un musicien qui n'a pas peur de faire une erreur au nom de l'intensité!
Aucune erreur, mais beaucoup d'intensité, lors de la sublime prestation de Tom Carter. Guitariste au sein de la formidable formation folk psychédélique Charalambides, Carter est passé maître dans l'art de maximiser l'impact d'une structure mélodique simple (les pièces du groupe sont fréquemment basées sur la répétition de deux accords); entre ses mains, l'électricité semble se doter d'une âme (aurais-je écouté trop de chansons de Sonic Youth pour mon propre bien?). Et ce soir, il libère cette âme en déchaînant l'amplification avec un parfait contrôle sur ses effets: les textures sont riches et organiques, des pistes mélodiques évanescentes ponctuant ces méditations électriques délicatement abrasives. Certains diront que c'était du « gossage » de pédales, le bidouillage technique d'un musicien qui a passé trop de temps avec son instrument... Mais pour moi, à ce moment précis, c'était un interminable instant de perfection; et le reste de l'univers, durant ce laps de temps, a cessé d'exister complètement. Espérons qu'à son prochain passage en ville, nous serons plus qu'un quinzaine à partager l'expérience...
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