jeudi 11 juin 2009
L'expérience essentielle du populisme sain
Mercredi 3 juin 2009 * Métropolis
Les Dirty Projectors incarnent tout ce qui sent mauvais dans l'indie-rock contemporain. Juxtapositions stylistiques purement gratuites, relectures sans vitalité des conventions du math-rock servant essentiellement à détruire toute forme de groove, enrobage pop beaucoup trop sucré... Nommez le problème, et la formation de David Longstreth en souffre de manière empirique - comme si sa mission même était de transformer ces défauts en de nouveaux canons esthétiques. Au-delà de l'indéniable force technique, l'âme de la formation semble morte; on croit assister à une expérience qui aurait mal viré. Voici le son d'une culture devenue complaisante, admirant son propre éclectisme sans saisir que le sens s'est perdu quelque part entre deux jeux référentiels insignifiants, à force de fouiller dans le dépotoir de la culture populaire à la recherche du prochain courant musical mal-aimé à apprécier de manière post-ironique.
TV on the Radio offre tout le contraire: quelque chose d'honnête, qui évite les boursouflures mais atteint cette grandeur épique à laquelle aspire toute pop rassembleuse. Ici, les comparaisons n'existent plus vraiment. Restent les mélodies, l'émotion et l'énergie. Voici un groupe qui, en l'espace de trois albums et d'un EP, a su se bâtir un répertoire à toute épreuve. Chaque chanson « rentre au poste » comme il se doit, chaque chanson est « la toune » de quelqu'un. Voici un groupe qui déploie pour une foule de 2,300 personnes la passion nécessaire pour faire bouger dix fois ce nombre. Pas de hype superlatif, aucune prétention artistique déplacée (ce dont on a parfois accusé à tort la formation), aucun populisme facile; simplement cet impact inimitable qu'a la musique quand elle est franche et directe. TV on the Radio fait de la musique soul sans les clichés, du stadium rock qui n'est pas racoleur; tout ce qu'il faut pour unir une foule le temps d'un concert parfait, qui disait haut et fort ce que tout un auditoire en communion pense habituellement tout bas.
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